
Lumières, caméra, assurance
September 17, 2018
Ecrit par John Young
Directeur de la souscription, Média & Divertissement, AXA XL
L’industrie du cinéma rapporte gros ; en 2020, les revenus du box-office atteindront 50 milliards de dollars, à travers le monde. Et comme pour toute activité internationale, produire un film induit une myriade de risques –parfois complexes– qui doivent être analysés, gérés et –dans la plupart des cas– transférés.
Du décor au tapis rouge, en passant par la salle de montage, les risques associés à la réalisation de films sont variés et évoluent en permanence. Une production peut être affectée de différente manière et par une multitude de facteurs –comme la maladie, les intempéries, le vol ou le terrorisme. Chaque film comporte des risques qui lui sont propres, en fonction du lieu et de l’équipe de tournage, des acteurs, du scénario et même des techniques utilisées.
Pour comprendre les risques associés à la production d’un film, les souscripteurs doivent étudier son scénario, son budget, le calendrier et les lieux de tournage, la logistique et les équipes, par exemple.
Certains films peuvent avoir des risques bien particuliers. Dans le cadre d’une comédie musicale avec des scènes de danse –par exemple– le risque de blessures est plus important ; et pour les films d’action comportant des scènes de poursuite, des explosions ou des cascades, les considérations en termes de gestion du risque sont évidentes.
Les souscripteurs cherchent également à comprendre si une équipe a déjà travaillé ensemble, si cette collaboration s’est bien passée, et si les relations entre le réalisateur et les principaux acteurs sont bonnes. Lorsque c’est le cas, le risque qu’un différend artistique ne dégénère est limité, et la communication entre les acteurs et les équipes techniques est généralement meilleure.
Risques liés aux acteurs
Un acteur blessé ou malade, en particulier une star, peut causer des retards et engendrer des coûts considérables.
Lorsqu’Harrison Ford reprit son rôle en tant qu’Han Solo dans Star Wars : Le réveil de la force, il subit une fracture de la cheville après avoir été écrasé par la porte du Faucon Millenium, le vaisseau de son personnage. La production fut alors suspendue pendant deux semaines, afin qu’il puisse récupérer. En 2004, Brad Pitt se rompit –ironiquement– le talon d’Achilles, alors qu’il jouait Achilles dans le film Troie –une blessure qui l’empêcha de tourner pendant plusieurs semaines.
Un acteur blessé ou malade, en particulier une star, peut causer des retards et engendrer des coûts considérables.
Les assureurs proposent des polices permettant de couvrir les coûts encourus en cas de retards dus à une blessure, ou si –par exemple– un décor est endommagé. Cette couverture fonctionne à la manière d’une garantie perte d’exploitation.
Il est également possible qu’un acteur tombe gravement malade, ou décède, pendant le tournage d’un film. Dans certains cas, de nouveaux acteurs peuvent être choisis ; dans certaines circonstances, la technologie peut être utilisée pour réaliser les scènes n’ayant pas encore été filmées. Lorsqu’aucune de ces options n’est envisageable, le projet peut être abandonné.
L’acteur Oliver Reed mourût tragiquement durant le tournage du film Gladiator. Les scènes dans lesquelles il devait apparaître, n’ayant pas encore été produites, ont été réalisées à l’aide d’images de synthèse. Il fût par la suite nominé, à titre posthume, pour le prix de meilleur second rôle aux BAFTA Awards (British Academy of Film & Television Arts).
Disgrâce
Les assureurs proposent également des solutions pour répondre au risque dit de « disgrâce » –soit quand une star est impliquée dans un scandale pouvant endommager sa réputation et, potentiellement, avoir un impact sur les perspectives commerciales d’un film en cours de réalisation.
Ce risque est devenu une préoccupation pour les producteurs dès les années 1920, suite à un scandale impliquant la vedette du cinéma muet Roscoe « Fatty » Arbuckle.
Arbuckle, alors l’une des stars les mieux payées d’Hollywood, fut accusé du meurtre de l’actrice Virginia Rappe, qui mourût après avoir assisté à une soirée organisée par l’acteur dans un hôtel de San Francisco. Il fut acquitté mais l’ombre de ce scandale n’a néanmoins jamais cessé de planer sur sa carrière. Ses films furent interdits et il ne put travailler que très occasionnellement, sous un pseudonyme, jusqu’à sa mort.
Pour une société de production, de « gros titres » peuvent avoir de lourdes conséquences. Dans certains cas, un projet peut être abandonné ; dans d’autres, l’acteur en question peut devoir être remplacé, entrainant d’inévitables retards.
Ces polices sont déclenchées dès lors qu’un acte criminel signalé à la police a pour conséquence le renvoi d’un artiste.
Autres risques
Tous les acteurs ne sont pas… humains. Il est ainsi parfois nécessaire d’acheter des garanties permettant de transférer les risques associés aux maladies ou aux blessures des animaux intervenant sur un tournage. Les souscripteurs exigent alors des réalisateurs qu’ils aient une ou deux doublures, dans le cas où l’animal-acteur ne serait pas en mesure de jouer.
Le secteur du cinéma, par ailleurs, ne cesse d’innover. Les drones sont désormais fréquemment utilisés pour réaliser des prises de vue aériennes –ou d’autres types de séquences difficiles ou dangereuses à capturer par un cadreur humain.
La technologie apporte cependant son lot de risques, qui doivent être assurés.
Le vol et la détérioration de certains équipements –comme les négatifs, les éclairages, les caméras, les décors, les accessoires et les costumes– représentent d’autres risques auxquels les producteurs sont confrontés, et qui doivent être transférés.
Tournages à risque
Il arrive que des scènes soient tournées dans des régions isolées ou à risque. Les assureurs prennent par ailleurs en compte les menaces liées aux catastrophes naturelles ou aux événements climatiques extrêmes pouvant affecter les zones de tournage.
De la même manière, les maisons de production sont parfois amenées à transférer certains des risques relevant du terrorisme ou de troubles sociaux. Les polices peuvent couvrir le risque de guerre, de violence politique et de kidnapping ; et des extensions sont disponibles pour l’assurance individuelle accident des équipes de tournage.
L’assurance des productions cinématographiques nécessite une expertise très spécialisées. Les solutions proposées doivent souvent être adaptées pour répondre aux spécificités des films en question.
Les courtiers et les assureurs de ce domaine opèrent certes dans les coulisses, mais ils ont –eux aussi– un rôle à jouer dans l’industrie du cinéma.
Basé à Londres, John Young est Directeur de la souscription, Média & Divertissement. Il est joignable à john.young@axaxl.com.
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